LA SAXE BRILLE SOUS AUGUSTE LE FORT

A.langesoehne 1694-1 Dresde

Plus connu sous le nom d'Auguste le Fort, le prince Frédéric-Auguste Ier de Saxe (1670-1733) va façonner l'histoire de la Saxe. Souverain absolu et triomphant, il poursuit ses objectifs en conséquence. Sa norme est la perfection. Il le démontrera dans son organisation administrative, sa politique économique, ou encore son soutien aux arts, à l'architecture, à l'artisanat et à la science. Second fils, il n'était pourtant pas destiné au trône. Le jeune prince saxon est d'abord émerveillé par le monde de la noblesse. Entre 17 et 19 ans, il parcourt secrètement l'Europe en tant que comte de Meißen et se familiarise avec la vie de toutes les grandes cours. Mais alors qu'il n'a que 24 ans, la mort de son frère aîné le propulse à la fonction d'électeur.

Auguste le Fort marque les esprits : il transforme Dresde, ville de la Renaissance, en un imposant bastion baroque de l'art et de la culture. On lui doit notamment la construction de l'église Frauenkirche et du palais japonais, ainsi que l'agrandissement du palais Zwinger. C'est également à cette époque que l'on découvre la porcelaine dure et qu'est créée la manufacture nationale de Meißen. Auguste le Fort organise des fêtes au faste légendaire qui durent parfois des mois, comme c'est la mode dans les grandes cours européennes de l'époque.

Pour le mariage de son fils avec la princesse Marie-Josèphe d'Autriche en 1719, il fait transformer le palais Zwinger en lieu de fête afin que la haute société puisse célébrer l'événement dans une ambiance digne de ce nom. Le grand carnaval du 22 mai au 2 juillet 1709 accueille un carrousel des quatre coins du monde, un défilé, une entreprise agricole avec huit nations et des tirs d'oiseaux de nuit. Ces fêtes constituent une opportunité unique pour l'artisanat local : tous les artistes disponibles et les meilleures manufactures de Saxe sont mobilisés pour magnifier les événements.


Auguste est un amateur d'art et un collectionneur enthousiaste, voire passionné. Payée 60 000 thalers à l'époque, la célèbre œuvre de l'orfèvre et joaillier de la cour Johann Melchior Dinglinger — "Hofstaat zu Delhi am Geburtstag des Großmoguls Aureng-Zeb" (la cour de Delhi le jour de l'anniversaire du Grand Moghol Aurang-Zeb) — est si chère qu'elle coûterait 1,2 million d'euros en 2018. Ne pouvant réunir les fonds immédiatement, Auguste le Fort s'engagera à les rembourser sur cinq ans. Auguste ne se contente pas de collectionner des œuvres d'art pour lui-même : en 1724, il ouvre le Grüne Gewölbe aux habitants de la ville et à ses visiteurs.

La chambre d'art créée par l'électeur Auguste en 1560 regorge de trésors. Mais la diversité et le désordre de la collection ne sont plus adaptés à un usage scientifique. Auguste le Fort met tout d'abord de côté les tableaux et réserve en 1728 un espace au dernier étage du Zwinger de Dresde pour un cabinet spécial d'instruments mathématiques. À côté des globes terrestres et célestes, des instruments astronomiques et géodésiques, des baromètres, des thermomètres et des instruments richement décorés pour le calcul, le dessin ou la mesure, les cadrans solaires font partie des magnifiques trésors que renferme le cabinet.


L'horloge astronomique d'Eberhard Baldewein (1525-1593) créée entre 1563 et 1568 à Marbourg et Cassel, est l'une des pièces les plus précieuses de nouveau Salon des mathématiques et de la physique. Le boîtier en laiton est en partie doré au feu, en partie argenté. Cette pièce aussi technique qu'artistique montre la Terre en son centre, entourée des sept planètes connues à l'époque.

La mesure du temps

En 1776, Johann Gottfried Köhler (1745-1801) est nommé par la cour au poste d'inspecteur, responsable de la chambre d'art et du Salon des mathématiques et de la physique du palais Zwinger à Dresde. Astronome, météorologue et excellent mécanicien, il dispose de tous les atouts faire significativement progresser la mesure du temps. Sept ans plus tard, il parvient à mettre en place le premier service horaire de l'observatoire du Zwinger à l'aide d'une horloge à pendule qu'il a lui-même fabriquée. Grâce à ce service, les citoyens fortunés qui s'acquittent d'une redevance disposent d'un employé qui se rend régulièrement à leur domicile pour régler leur horloge. Aujourd'hui encore, ce service horaire détermine l'heure officielle de la ville à midi et la transmet aux autres horloges.

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